linogravure-50 X 40

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The darkest hug

 

Jean-Guillaume Kuhn poursuit ici ses recherches malades du côté des corps sens dessus dessous. Par immersion mentale, nous voilà plongés au milieu d’une drôle de réunion. Des retrouvailles ? Peut-être. En tout cas, une jubilation noire où des organismes, excités à en perdre la tête, tâtonnent, aveugles et fiévreux, en se raccrochant à ce qu’ils peuvent : une queue, une chatte, le vide.

Mais la dynamique de la gravure nous entraîne dans un au-delà triste et poétique, le même qu’esquissaient déjà ses travaux antérieurs : chacun semble chercher son identité, les membres cherchent leur corps, les corps cherchent leur figure, et des figures il n’y en a pas.

On ne se retrouvera pas soi-même à travers l’orgasme. Et on n’est pas près de retrouver l’autre phantasmé. Le mythe d’Aristophane vole ici en éclats. C’est même tout le contraire du mythe qui se joue : des corps en lambeaux se masturbent, perdus, en situation de chute intégrale, comme si le principe d’inertie, le dieu des Paumés ou le hasard avait décidé de se fâcher et de rendre la douceur partagée impossible. Tout explose. Rien ne tient. Rien ne dure. Loin de nous, nos corps tentent de baiser, ils se touchent côte à côte, frénétiques, tandis que nos âmes éjectées de ce foutu bazar sont invitées à sortir du cadre. Un rêve totalement déprimé, un instant de grâce létale, brillante et sombre.

                                                                                                           Février 2014

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